24 août 2021
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La volonté de réussir malgré l'inquiétude et l'usure
Comme tout citoyen, chaque enseignant, personnel d’éducation et psychologue de l’Éducation nationale espérait cette rentrée 2021 « débarrassée » de la Covid. Malheureusement, l’évolution de l’épidémie notamment par le variant Delta et une 4e vague conséquente impose à nouveau à tous de prévoir une rentrée sous protocole où masque et gestes barrières resteront de rigueur.
Cependant les personnels ont des exigences légitimes pour pouvoir poursuivre ce défi de dispenser à tous les élèves un enseignement de qualité dans des conditions optimales de sécurité.
Des clarifications mais encore beaucoup d’interrogations
C’est une rentrée marquée par l’inquiétude qui se prépare. Le variant Delta a montré sa très forte contagiosité. Pour les personnels comme pour les élèves, cette nouvelle rentrée sous Covid pèse lourdement sur le moral.
Après un protocole sanitaire de rentrée annoncé en cours d’été et qui avait laissé beaucoup de questions en suspens, le ministre de l’Éducation nationale s’est exprimé à travers une interview publiée le 22 août pour clarifier certains points voire certains de ses propos antérieurs (lire notre article : enseignants.se-unsa.org/Rentree-2021-un-protocole-gradue-mais-encore-trop-imprecis).
À quelques jours de la rentrée 2021, on peut mesurer certains éléments favorables :
- une grande majorité de personnels est aujourd’hui vaccinée à l’image de leur ténacité sans faille pour obtenir une priorité vaccinale au printemps dernier
- le ministre a pris en compte les demandes répétées des personnels quant à l’anticipation indispensable du protocole et la nécessité d’une graduation à différents niveaux applicable nationalement comme localement
- le ministre a également confirmé la volonté d’organiser une campagne de vaccination des élèves dès 12 ans sur le lieu de scolarisation en précisant que les actes seront gérés par des professionnels extérieurs, répondant ainsi aux demandes des personnels de ne pas voir leurs missions alourdies
- le ministre accorde enfin de l’importance à la qualité de l’air même s’il reste très imprécis sur les moyens alloués aux collectivités locales pour parvenir à mesurer et améliorer
Cependant, chaque annonce ou clarification du ministre répond souvent très, trop rapidement aux nombreuses questions que pose chaque point du protocole. La visibilité permise par un protocole annoncé plus tôt qu’à la rentrée précédente, un protocole renforcé par la vaccination des personnels et des élèves, ne doivent en rien occulter l’état toujours inapplicable de certaines mesures pourtant essentielles pour la protection de tous, telles que le non-brassage dans de nombreuses écoles ou établissements ou encore la garantie d’une aération suffisante.
Les grands absents dans les propos ministériels : les personnels
Nos métiers sont des métiers de projets avec une programmation des apprentissages, des projets pédagogiques, des sorties et des rencontres. L’inconnue de l’épidémie dans les prochaines semaines empêche de se projeter pleinement. À l’usure engendrée par le contexte épidémique, s’ajoute celle générée par un ministre qui s’adresse sans cesse directement à l’opinion publique et passe sous silence l’engagement et les difficultés de ses propres personnels pour s’adapter à leur contexte beaucoup plus complexe que ne le laissent penser ses propos.
Depuis le printemps 2020, la profession a été profondément bouleversée sur plusieurs aspects (regard sur le métier, gestes professionnels, relations aux familles et partenaires extérieurs, organisation du travail, santé et sécurité…).
Les personnels exercent depuis 18 mois dans des conditions inédites pour permettre aux élèves de continuer à être accueillis un maximum en présentiel et bénéficier d’un service d’éducation de qualité. Adaptation permanente et réactivité ont été les maîtres mots pour mettre en place les incessantes modifications de règles sanitaires.
Des exigences, des urgences !
De nombreux éléments restent encore à mettre en œuvre pour que les conditions optimales de cette rentrée soient réunies :
- des moyens en remplacement pour pallier les absences inévitables de personnels liées à l’épidémie et des moyens de vie scolaire pour mettre en place les différents aménagements imposés par le protocole ;
- une planification des livraisons du matériel de protection ;
- un équipement en matériel pour la qualité de l’air, notamment sur les lieux de restauration où le port du masque n’est pas possible en permanence (capteurs de CO2 et purificateurs) ;
- un vrai accompagnement de la santé physique et psychologique des personnels notamment par une étude d’impact de la crise avec a minima une visite médicale par personnel ;
- des préconisations accompagnées d’un soutien financier à l’attention des collectivités locales en matière de rénovation et d’aménagement des locaux (point d’eau, toilettes, coin repas des personnels, signalisation des sens de circulation…) ;
- une politique volontariste de mise à jour des documents uniques d’évaluation des risques professionnels (Duerp), voire parfois leur rédaction intégrale.
Au-delà, il faut à cette rentrée mieux accompagner les personnels dans certains gestes professionnels :
- permettre davantage d’autonomie aux équipes pour gérer les crises en leur faisant confiance car elles sont les plus proches des problématiques
- éviter le cumul distanciel/présentiel
- mettre en place un emploi du temps spécifique au distanciel et/ou en hybride avec un nombre maximum de cours en visio dans la semaine en prenant en compte les recommandations des professionnels de la santé
- instaurer des équipes numériques pour aider les enseignants et les élèves lors de situations techniques défaillantes, essentiellement grâce à un logiciel de prise en main à distance
- organiser des temps de formations numériques en interne tout en gardant à l’esprit que le distanciel ne doit pas devenir la norme
- redéfinir les tâches qui incombent au professeur principal des collèges et lycées lors d’une éventuelle prochaine crise sanitaire
La rentrée 2021 doit être réussie, les mesures qu’il reste à prendre sont connues, elles doivent être mises en place d’urgence. Le SE-Unsa a écrit au ministre en ce sens au début du mois de juillet.
Il en va de la scolarité, du parcours et de l’avenir de chaque élève ainsi que de la qualité de vie au travail de chaque personnel.
Publié par Syndicat des Enseignants-Unsa 92