Bien sûr, il n’est pas question d’interdire aux enseignants qui le souhaitent de maintenir le lien avec leurs élèves. La continuité des échanges, les contacts rassurants, les rituels structurants, l’écoute attentive peuvent rester à l’ordre du jour pendant les vacances. Mais, pour le SE-Unsa, il n’est pas admissible que le ministre invite, sur un média grand public, les enseignants à continuer à « donner des devoirs » pendant les vacances de printemps, même « de façon modérée ». Les personnels, comme les élèves et leurs familles, ont non seulement droit à des vacances mais ils en ont besoin.
Le ministre se dit conscient du creusement des inégalités. Pour y remédier, il annonce sans aucune concertation avec les personnels « des cours particuliers pendant les vacances, à distance et gratuits, seuls ou en petits groupes ». Ainsi, les difficultés créées par l’enseignement à distance devront-elles être résolues par davantage d’enseignement à distance ? Ainsi, pourrait-on assurer pendant les vacances la continuité pédagogique qu’on n’a pas réussi à mettre en place pendant la période scolaire ? Ainsi, 6 heures de soutien à distance pendant les vacances pourraient-elles permettre de raccrocher les 5 à 8% d’élèves « perdus de vue » ?
Chaque intervention du ministre dans les médias se traduit par de nouvelles annonces, de nouvelles injonctions à faire toujours plus sans prise de recul sur cette « continuité pédagogique » dont tous les enseignants savent qu’elle peut être redoutable pour un très grand nombre d’élèves parce qu’il manque les interactions en classe, celles qui permettent d’identifier et de clarifier le sens des tâches accomplies et de transformer des contenus en connaissances et compétences.