Le SE-UNSA constate que les modifications apportées au projet de programmes pour l’école primaire visent d’abord un affichage d’écoute. Ainsi, une note de présentation s’emploie spécialement à désamorcer les principales critiques émises. Quel dommage de la voir contredite par le contenu concret des instructions qui suivent…
L’acquisition de quelques notions, à l’évidence trop éloignées du niveau des enfants a, certes, été écartée. Totalement, en grammaire ou en conjugaison aux cycles 2 et 3. En apparence en grande section de maternelle, où les enfants ne sont plus sommés de « comprendre le principe alphabétique » comme dans le projet initial, mais devront « distinguer les sonorités de la langue et les signes graphiques qui les représentent à l’écrit », ce qui revient strictement au même ! D’autres notions, manifestement hors de portée de tous les élèves à ce niveau de développement, sont en revanche maintenues, comme la pratique de la division dès le CE 1 ou de la règle de 3 au cours moyen.
Désormais, des références plus ou moins adroites au socle commun, dont la maîtrise est légalement obligatoire pour tous, parsèment ce nouveau projet de programmes. Entre fin février et fin avril, le ministre s’est donc rendu compte qu’existait une loi d’orientation pour l’Education. C’est mieux, mais le « copier-coller » réalisé ne modifie pas le découpage étroitement disciplinaire du projet initial...
Au final, pour le SE-UNSA, cette nouvelle version ministérielle, au-delà de retouches cosmétiques, ne change pas les défauts de conception du projet : manque de rigueur scientifique, approches mécaniques des apprentissages, alourdissement des programmes avec moins d’heures de cours, déconnexion avec le développement psycho-affectif des enfants, inspirations nostalgiques éloignées des réalités sociales du XXIème siècle…
Affirmer que l’on parviendra ainsi à « diviser par trois, en cinq ans » le nombre d’élèves en grande difficulté, relève de la méthode Coué. Pour le SE-UNSA, c’est au contraire une démarche rigoureuse qui est nécessaire. On ne réforme pas des programmes d’enseignement pour un seul objectif d’affichage politique. Il y faut des bilans, des apports scientifiques et professionnels, de la concertation, bref de l’adhésion et pas de la marche forcée. Il est encore temps pour le ministre de suspendre son projet.
Luc Bérille, Secrétaire Général du SE-UNSA