Un projet inquiétant et destructeur
Sur commande présidentielle, le gouvernement s’apprête à modifier en profondeur le recrutement et la formation des enseignants.
Pour le SE-UNSA, ces conséquences seraient particulièrement graves:
- Suppression de 24.000 postes de fonctionnaires stagiaires : cette économie budgétaire résume la préoccupation numéro 1 du gouvernement. Pour cela, en plaçant le concours après la formation, il supprimera le salaire versé jusqu’à présent aux élèves professeurs. Quant à la revalorisation annoncée avec le niveau master, elle coûtera d’autant moins qu’elle laisse de coté les 800.000 enseignants qui font vivre aujourd’hui l’Ecole au quotidien.
- Liquidation de la formation professionnelle : ce n’est pas par un cursus de master disciplinaire que l’on préparera les futurs enseignants à leur métier. Et cela d’autant que le statut d’étudiant interdira tout stage en responsabilité de classe durant le parcours de master.
- Renoncement à la mixité sociale dans le recrutement des enseignants : l’exigence du master, combinée à la fin de la rémunération des stagiaires, écartera encore plus les étudiants d’origine modeste.
- Mise en danger des capacités de recrutement : alors qu’il faudra attirer un grand nombre d’étudiants vers le métier de professeur, l’exigence du master réduira les viviers de recrutement.
Pour le SE-UNSA, ce projet ne propose qu’une formation des enseignants in vitro, déconnectée des réalités sociales et de la diversité des situations scolaires. Cela constituerait une régression dramatique en réussissant le tour de force d’amoindrir la professionnalisation de la formation des maîtres, alors même que toutes les études, toutes les évaluations de l’Ecole militent en sens inverse.
Ce projet, s’il devait aller à son terme, affaiblirait et viderait les IUFM de leur substance. En abandonnant à des universités autonomes ses prérogatives sur le contenu et les modalités de la formation initiale des enseignants, le ministère de l’Education nationale serait ravalé à un rôle de simple agent recruteur.
Il n’est pas trop tard pour éviter le pire. Le SE-UNSA réclame l’ouverture de réelles discussions, mettant au cœur de la réflexion la réussite des élèves et la nécessité d’y préparer professionnellement les enseignants.
Luc Bérille, Secrétaire Général du SE-UNSA
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